Les Hospices civils de Lyon ont l’allure d’une cocotte-minute prête à exploser sous la pression du Covid-19. Les capacités en réanimation sont déjà saturées alors que le pic de l’épidémie n’est pas attendu avant la troisième semaine de novembre, et le personnel épuisé redoute de devoir trier les patients. Quant au confinement assoupli, il est improbable qu’il freine à temps la pandémie.
L’Arrière-Cour fait le point sur la situation sanitaire à Lyon et les possibles solutions pour sortir de l’impasse. Un article illustré par le très réactif Guillaume Long.La dynamique du virus est sur le point de submerger les Hospices civils de Lyon (HCL). Pilotes de la stratégie de lutte contre le virus sur le territoire Rhône Nord-Isère, les HCL sont à la peine pour accueillir et soigner les malades du Covid-19. Fin août, ceux-ci n’étaient que 11 à occuper des lits ; au 5 novembre, les hôpitaux de Lyon comptabilisaient 750 patients Covid, dépassant le pic de la première vague atteint le 7 avril avec 727 malades.
Pour éviter la saturation, les opérations non urgentes ont été déprogrammées afin d’accroître les capacités d’accueil de 785 à 945 lits. Un choix cornélien qui risque de se répercuter à long terme sur d’autres maladies, comme les chirurgies de cancers qui avaient déjà pris du retard durant le premier confinement.
Parmi les patients déjà hospitalisés, 139 sont en réanimation. Les hôpitaux lyonnais, qui ne comptent d’ordinaire que 139 lits dédiés à ce service, ont poussé les murs pour y consacrer 260 places. En comptabilisant les lits occupés par des patients présents pour d’autres affections, le taux d’occupation en « réa » est de 92%. Quant au virus, il continue de circuler activement dans la métropole avec un taux d’incidence de 867 pour 100.000 habitants, contre 538 à Paris.
« Le contexte est plus catastrophique que lors de la première vague », alerte Benjamin Berthet, infirmier à l’hôpital Lyon Sud et délégué syndical CGT. « On est à 200% de nos capacités. Ça bloque sur le personnel et le matériel. » Pour appuyer les équipes de réanimation, le personnel des blocs opératoires a été réquisitionné et des contractuels tout juste diplômés embauchés. Les élèves infirmiers ont eux aussi été appelés en renfort. Un personnel formé « en 15 jours, ce qui peut être source d’erreurs et de stress dans ce contexte si particulier ».
« La vigilance baisse aussi avec la fatigue. J’ai peur tous les jours de commettre des erreurs. »
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