Pourquoi les habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes ont-ils moins bien vécu le confinement ?

Grande spécialiste française de la métropolisation(1) et enseignante de géographie à l’Université Lyon 3, Lise Bourdeau-Lepage a réalisé pendant le premier confinement une vaste étude sur le bien-être des Français(2). Elle en tire des enseignements sur nos modes de vie, l’ambivalence du télétravail, le rapport à la nature, les différences hommes-femmes, etc. L’étude soulève aussi des questions auxquelles il n’y a pas toujours de réponse, notamment de savoir pourquoi les habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes, habituellement en haut des classements sur le bien-être, ont particulièrement mal vécu cette période. Un entretien mené par Maïa Rosenberger et illustré par le poétique Guillaume Long.

L’Arrière-Cour : Quel est le premier enseignement de votre enquête ?
Lise Bourdeau-Lepage :
Le confinement a eu un effet majeur sur la perception du niveau de bien-être par les Français. Sur une échelle de 1 à 10, ce niveau était en moyenne de 7,07 avant le confinement et de 5,6 pendant le confinement. Le niveau de « satisfaction de vie » est une donnée déclarative, dans laquelle chacun se détermine subjectivement en fonction de deux critères : hédoniste, c’est-à-dire la perception du plaisir, et eudémoniste, soit la correspondance avec les aspirations, le sens de la vie.

Le confinement a-t-il eu un effet ponctuellement dévastateur ou a-t-il agi comme le simple révélateur d’un mal-être, que celui-ci soit intégré ou dissimulé ?
 Il a été vécu comme un choc qui a engendré une perte brutale et importante du niveau de bien-être. Il a également agi comme un révélateur, ou un accélérateur, de la prise de conscience de certains éléments. Les Français se sont interrogés sur l ’importance du milieu naturel et du monde végétal, sur le besoin de nature contrarié par le confinement . Près de 70% des Français estiment que cette crise changera quelque chose dans la prise en compte et la préservation de l’environnement. En ce sens, le confinement et la crise sanitaire ont opéré comme des catalyseurs.

Avez-vous observé des disparités géographiques dans ce cadre ?
En effet. Avant le confinement, le plus fort niveau de satisfaction de vie était déclaré en PACA, en Nouvelle-Aquitaine et en Auvergne-Rhône-Alpes, avec des valeurs supérieures ou égales à 7,25 ; le niveau le plus faible était perçu en Pays de la Loire, avec 6,54. Les trois régions les mieux classées avant le confinement ont enregistré des baisses parfois fortes et se retro

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