Une Biennale rattrapée par la fragilité du monde

Construite autour du « Manifeste de la fragilité », la Biennale d’art contemporain de Lyon évoque tout à la fois une époque incertaine, les menaces qui pèsent sur le vivant comme sur les traces laissées par l’humanité, mais aussi sur cette institution culturelle lyonnaise 30 ans après sa création. La visite en BD est signée Jeanne Alcala.

Pour la 16e Biennale d’art contemporain de Lyon, Isabelle Bertolotti, qui a pris fin 2018 la succession de Thierry Raspail à la direction du Musée d’art contemporain, avait posé des choix forts. Et tout d’abord celui, renouvelé, de mettre en avant la jeune création internationale, comme elle le fait au sein du MAC depuis 1995.

Pour « sa » seconde biennale, en revanche, cette historienne de l’art formée à l’université Lumière Lyon 2 et au Louvre avait aussi à cœur de connecter ces artistes internationaux avec l’histoire de la ville. Ses choix de départ ont sans cesse été rattrapés par l’actualité. « Lorsque nous avons travaillé avec les deux commissaires sur l’histoire de Lyon, deux thématiques se sont imposées : la peste et la soie », confie-t-elle. Avec le Libanais Sam Bardaouil et l’Allemand Till Fellrath, c’est le choix de la soie qui a été fait… quelques semaines avant que la peste revienne finalement sur le devant de la scène, avec une pandémie mondiale qui obligea à repousser d’un an la Biennale. « Nous sommes restés sur notre idée de la soie, nous avons découvert beaucoup de choses sur l’impact de cette industrie sur le monde, et des liens que l’on ignorait entre la France et le Liban. »

Le motif de la fragilité et de la résistance émerge alors, un choix à nouveau rattrapé par l’actualité avec l’explosion du port de Beyrouth qui atteindra le musée Sursock, musée d’art moderne qui devait prêter plusieurs œuvres. « Nous avons travaillé avec eux, fait restaurer certaines pièces (…). C’était un moyen de montrer que l’art peut permettre une résistance et une résurrection de certaines choses », ajoute Isabelle Bertolotti dans l’émission Les Coulisses du Grand Lyon sur lyonmag.com.

Manifeste de la fragilité

C’est donc en partie en visio, à travers l’œil d’une caméra, que les artistes sélectionnés pour la Bienna

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