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Remplir vide », comme un ventre affamé. Mais le remplir de cette vie souterraine et festive qui semble disparue. Alors la chercher un peu partout. Dans les profondeurs comme dans les hauteurs, où le regard perdu dans le lointain paraît emprisonné. Un texte de Cécile Goguely, écrit à partir des photographies d’Antonin Tricard et publié dans la revue Chabe, dont vous pouvez encore précommander le numéro 2 !(publicité)
Je n’ai pas contacté le photographe tout de suite. À mes yeux, il était important de remplir le vide laissé par mes questions. De trouver par moi-même la signification de ces photos. J’y ai vu un regard occulté : celui des personnages comme le nôtre, qui se posait sur ces clichés d’où la beauté, la vie, l’animation paraissaient se dérober. M’est alors venue cette formule : ne serait-ce pas un cadeau à faire à la beauté que de ne pas l’emprisonner ? Car ici le regard des sujets semble enchaîné, dissimulé, grillagé. La vie et la beauté, elles, se cachent.
J’avais peu d’éléments. La petite description semble parler d’un amour déçu pour cette ville, autrefois vibrante de possibilités et de rencontres. Il y a comme une quête, c’est sûr, de retrouver cette passion perdue. Les amoureux déçus peuvent se révéler cruels : il leur faut casser, détruire ou enlaidir ce qu’ils ont tant aimé, n’en faire ressortir que les aspects maudits.
Pour mieux comprendre, j’ai déchiffré les inscriptions. Pirates des villes, pirates des champs : on est pourtant bien loin de la mer, à Lyon. Et puis ces quelques notes de musique sur un mur, comme une volonté de faire sonner encore un morceau sans