La dissolution des Soulèvements de la terre pose de nombreuses questions, qui n’épargnent pas le monde scientifique et universitaire. Sur fond d’émeutes parfois violentes, le Mouvement pour des savoirs engagés et reliés (MSER) qui regroupe des centaines de chercheurs publie dans L’Arrière-Cour une tribune, qu’ils appellent d’autres collectifs à signer et s’approprier. Nous avons interrogé trois des auteurs du texte : Aude Lapprand, Jean-Michel Hupé et Pablo Jensen, physicien et directeur de recherche à l’ENS Lyon.
L’Arrière-Cour. Quel est le sens de votre appel ? Et qui en est à l’origine ?
Pablo Jensen. Nous sommes des collectifs et des individus rassemblés dans le Mouvement pour des savoirs engagés et reliés, consternés par la réponse du gouvernement à la menace existentielle que fait peser le basculement écologique. Au lieu de s’attaquer aux causes du problème, il réprime de manière disproportionnée ceux qui, en accord avec les constats de la communauté scientifique, agissent pour accélérer les transformations nécessaires.
Les scientifiques alertent depuis longtemps sur le réchauffement climatique. Cet appel est-il une manière de dire que faire votre métier ne suffit plus ?
C’est un constat désespérant : depuis des décennies, grâce au travail des scientifiques, nous savons ce qui nous attend si nous continuons dans cette voie, et pourtant nous continuons. Le Haut Conseil pour le climat vient de rendre son avis : il constate que « l’adaptation doit changer d’échelle et devenir transformatrice ». Il est dès lors peu étonnant qu’une partie des chercheurs et chercheuses rejoignent des mouvements comme Scientifiques en rébellion qui, face à l’inaction, organise des actions de désobéissance civile, comme le font également les Soulèvements de la terre… C’est aussi une question de cohérence et de crédibilité : comment prendre au sérieux celles et ceux qui clament l’énormité de la menace s’ils restent les bras croisés devant l’inaction ?
Vous revendiquez-vous de la désobéissance civile ?
Non, nos collectifs s’inscrivent dans des démarches de mise en débat des choix scientifiques, d’implication citoyenne dans la recherche, à l’image de notre proposition d’attribuer 10% des financements de la recherche à des thématiques choisies par des conventions citoyennes. Mais pour les raisons que nous avons données plus haut, nous comprenons la légitimité de ces actions. Face à l’urgence, il faut jouer sur tous les table