Né en 1973, Sébastien Érôme a d’abord emprunté le chemin du photojournalisme. Au fil de ses explorations, le photographe lyonnais s’est éloigné de l’actualité pour développer une approche plus documentaire, puisant tantôt dans la réalité, tantôt dans la fiction. Il aborde à travers son œuvre les notions de présence, de traces, comme des sujets plus intimes tels que la famille. Un article signé Anaïs Viand pour le deuxième numéro de la revue
Chabe!, toujours en librairie.« Where children play, a mistery resides. » (Walter Benjamin)
Un rayon de soleil sur la peau, des poils naissants, un moment de complicité entre un frère et une sœur… Les images de Sébastien Érôme ne peuvent se résumer au simple album de famille. Elles disent l’amour d’un père pour ses enfants, d’un homme pour sa compagne. Surtout, elles racontent la naissance d’un tel sentiment dans une famille en construction : « Comment se promène l’amour entre une femme et des enfants qui ne sont pas les siens ? Et pour une fratrie devant accueillir une nouvelle venue ? C’est tout cela qu’interrogent mes images », commente l’auteur de Child’s Play. Une série personnelle et intime venue après plus de 30 ans de carrière dans la presse et la publicité.
« Plus je partais, mieux j’étais »
C’est en 1997, en Égypte, que tout commence. Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie, il se rend à Alexandrie afin de photographier les fouilles du phare. « Les trois mois initiaux se sont transformés en deux années. Un chercheur du CNRS m’a enseigné la technique. J’ai appris à saisir la lumière en shootant des morceaux de sarcophage, j’ai appris à la fabriquer aussi. »
Très vite, sa pratique se diversifie : Sébastien Érôme documente d’autres chantiers de fouilles au Caire et au delta du Nil, et la présence humaine s’invite dans ses clichés. « Il me fallait capturer tout ce que je voyais de manière très instinctive. C’est à ce moment que mon rapport à la photographie est devenu obsessionnel. » Avant de rentrer en France, il signe son premier reportage que personne ne verra : « Une série d’images sur un bidonville d’Alexandrie, construit dans et sur des tombes de Coptes (habitants chrétiens d’Égypte, NDLR). Un lieu fascinant où le vivant se réappropriait un espace funéraire. »
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