
Fasciné par les milieux alternatifs et contestataires, Arthur Perrin a photographié, à partir de 2020 et durant deux ans, la quasi-totalité des manifestations qui se sont tenues sur le territoire lyonnais. Il propose, dans sa série intitulée
Les détails du bloc, des portraits bruts et épurés de celles et ceux qui revendiquent en autonomie au sein du black bloc, ce groupe non structuré réunissant des membres de mouvements autonomistes et antifascistes – une tactique de lutte, non une idéologie. Une interview signée Anaïs Viand dans le numéro 2 du magazine Chabe!, toujours disponible en librairie.Chabe! : À travers ta série Les détails du bloc, tu te concentres sur les manifestants autonomes. Pourquoi ?
Arthur Perrin : Au-delà du phénomène black bloc, je me suis intéressé à celles et ceux qui manifestent sans adhérer à un syndicat ou à un parti. Mes valeurs se rapprochent de ces sensibilités militantes. J’aime cette idée que l’on peut venir tel qu’on est, en tant qu’individu, revendiquer soi-même ses idées politiques sans avoir besoin d’un porte-parole ou d’une figure de chef. Je voulais témoigner de ces différences et de ces nouveaux enjeux des manifestations.
Ce sujet repose sur un concept sériel. Quel est-il et comment est-il apparu ?
À l’origine, Les détails du bloc est un travail d’archives amorcé durant ma formation. J’ai photographié des manifestations de façon obsessionnelle pendant des mois. Ensuite, j’ai pris le temps de me plonger dans mes clichés. En février 2020, j’ai souhaité décrire davantage le black bloc, tout en m’éloignant du reportage. Pour résumer, il y a eu deux mouvements dans mon processus de création : un temps dans la rue où j’ai photographié un sujet large ou des scènes d’ambiance, et un temps de sélection, d’editing durant lequel j’ai fouillé image par image. J’ai zoomé au plus proche des pixels, j’ai scruté l’arrière-plan, parfois j’ai (re)découvert des éléments pépites. Le choix du format renvoie à l’idée du bloc, car à l’origine, le black bloc désignait des structures très compactes, organisées, carrées. Le noir et blanc revendique l’aspect spectaculaire des rassemblements et participe au contraste engagé par les éléments blancs, comme les fumigènes et les gaz lacrymogènes.
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