Cette édition, signée Julie Hainaut et illustrée par Sandrine Deloffre, s’intéresse aux femmes célibataires hétérosexuelles qui ont fait ou envisagent de faire une PMA à l’étranger, grâce à l’aide (illégale) de gynécologues lyonnais.
PMA pour toutes : les femmes célibataires hétéros invisibilisées
Elles ont longtemps été les grandes oubliées des débats de la procréation médicalement assistée pour toutes. « Quelque 22% des femmes hétéros âgées de 35 à 44 ans sont célibataires en France, selon une étude de l’Insee de 2018 », chiffre Audrey Page, autrice du nécessaire Allers-retours pour un bébé (Albin Michel, 2020). « Et 1% des femmes de cette catégorie d’âge sont lesbiennes. On a peu entendu parler des hétéros célibataires dans l’accès à la PMA, alors qu’elles sont 22 fois plus nombreuses ! » La raison ? « Contrairement aux lesbiennes en couple, les célibataires hétéros ne sont pas structurées, pas fédérées, ne revendiquent rien collectivement, pour une simple et bonne raison : on n’est généralement pas célibataire à vie. »
Contrairement à l’image parfois véhiculée par les fervents défenseurs du principe « un papa et une maman », qui enchaînent amalgames et clichés teintés d’homophobie et de misogynie, elles ne détestent pas les hommes. Elles ne sont pas « trop » ambitieuses. Elles ne font pas peur aux hommes. Elles ne sont pas « trop » exigeantes. Elles auraient même préféré avoir un enfant avec un homme plutôt qu’avec une éprouvette. Elles se sont simplement confrontées à la vraie vie, loin de la conviction si candide de l’adolescence : 30 ans, mariée, deux enfants. Ou trois. Les études, le grand amour qui se révèle ne pas en être un, les histoires d’un soir, la passion qui détruit, les illusions, les désillusions, les rencontres, les ruptures, la vie pro qui accapare, le temps qui passe, l’espoir, le désespoir, l’horloge biologique qui tourne, les remarques des uns, les jugements des autres, des relations qui n’aboutissent pas à un projet d’enfant. La réalité en face. Celle de la fécondité qui diminue à partir de 35 ans.
S’ensuivent les questionnements. Le mental en surchauffe. N’est-ce pas égoïste de vouloir faire un enfant, seule de surcroît ? Est-ce une vraie