Un pied sur scène, l’autre dans le public, le photographe Romain Étienne s’est immergé pleinement depuis plus de 10 ans dans un des espaces culte de la scène alternative lyonnaise, le Grrrnd Zero. Une interview réalisée par Julia Blachon et Raphaël Ruffier-Fossoul pour la revue
Chabe! (toujours en librairie).Chabe : Pourquoi le Grrrnd Zero a-t-il pris une telle importance dans la scène underground depuis bientôt 20 ans ?
Romain Étienne : Il existe ou a existé d’autres lieux. On pourrait citer Le Pez Ner, ouvert de 1997 à 2001 du côté de Villeurbanne, qui a été un peu un précurseur. Ce qui fait sans doute l’une des singularités du Grrrnd Zero, c’est sa longévité et sa capacité à se renouveler face aux difficultés liées au fonctionnement de ce type d’espace.
Un lieu comme le Grrrnd Zero se glisse dans les interstices laissés par les aménageurs du territoire, publics ou privés. Le collectif s’est d’ailleurs installé dans plusieurs sites de l’agglomération, comme les anciens locaux de Brossette, avant qu’ils ne deviennent des logements dans le cadre de la ZAC des Girondins. Ensuite, il est arrivé du côté de Bohlen à Vaulx-en-Velin – j’avais d’ailleurs pu prendre en photo l’une des premières visites du site.
L’existence de ce type de lieu ne tient souvent qu’au rapport de force qu’un collectif de personnes engagées peut avoir avec les collectivités. Le Grrrnd Zero ne répondant à aucune logique de marché, il est contraint à une certaine précarité. De cela, il tire sa force. Au travers notamment de la grande motivation des personnes qui s’y impliquent.
« C’est le chanteur de The Mae Shi, qui est entré en transe et a fini sa chanson par terre au milieu du public. »
La série de photos que vous présentez pour Chabe ! s’étale sur une dizaine d’années et témoigne d’une véritable immersion de votre part au sein de ce projet.
Oui, clairement. Avec un temps d’investissement aussi long, de fil en aiguille, j’ai documenté un projet dont j’ai fini par faire partie. C’est pourquoi j’ai choisi ce titre, One foot on stage. « Un pied sur la scène », cela signifie pour moi que c’est un projet très impliquant pour les artistes et l’organisation, qui ne répond pas toujours à des logiques de professionnalisation. Cela veut dire aussi qu’on ne travaille pas comme dans les salles de concert habituelles, où il y a un