Quand le pays s’est plongé dans le confinement début 2020, Nicola Vigilanti s’est interrogé : comment font ceux qui n’ont pas de chez-eux ? C’est de cette question qu’est né un reportage photographique où les histoires humaines se croisent entre bénévoles et sans-abri. Laurène Roche l’a rencontré pour le n° 2 de la revue
Chabe!, toujours disponible en librairie.Peut-être êtes-vous déjà passé.e devant le 24 bis du boulevard Jules-Carteret, dans le quartier de Gerland. À cette adresse se trouve la halte de nuit L’Escale, un foyer accueillant 57 personnes pour une nuit dans des conteneurs réaménagés en logements et réfectoire.
Assis à une table à l’extérieur, quatre hommes discutent en buvant du café. Ils profitent du soleil en ce mardi matin de juin. Ils savent qu’ils ne doivent pas tarder : leur départ est fixé à 10 h. Ce sont les règles de la halte de nuit : on y séjourne pour une seule nuit, on peut manger, prendre une douche et dormir, avant de repartir le lendemain.
(publicité)
Mohamed est à la rue depuis 15 jours, c’est la première fois pour lui. On lui a volé son sac contenant tous ses papiers et ses affaires personnelles. C’est la troisième nuit qu’il passe à la halte. Son récit est ponctué de galères : trouver des habits, un rendez-vous chez l’assistante sociale, un travail. Il s’arrête pour siroter son café. Chloé sort du réfectoire et nous rejoint. La quarantaine, cheveux longs attachés en queue-de-cheval, elle a trouvé un travail dans la restauration qui doit débuter deux semaines plus tard : « On me propose un